Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/280

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spire aucune confiance au pays et paralyse tous les efforts patriotiques de la Chambre. La droite a rejeté encore hier la proposition d’abolir ou de suspendre les lois qui défendent le port et la vente des armes. Elle préfère livrer Paris aux Prussiens, plutôt que d’armer le peuple. La droite avait voulu mettre en accusation et recommander l’arrestation du général Trochu, après qu’il eut refusé à l’impératrice de donner sa démission. La garde nationale a eu vent de ce projet et fit au général Trochu une bruyante manifestation de sympathie tout à fait républicaine. Depuis hier, l’impératrice fait de nouveau la cour à Trochu, qui s’y prête, faisant probablement semblant de s’y laisser prendre. On veut l’empêcher de toute force de faire la revue des quatre-vingt mille hommes de la garde nationale, craignant des démonstrations sympathiques pour Trochu, mais contraires à l’Empire. Un homme d’État bien connu ayant conseillé à l’empereur de se mettre à la tête d’un régiment de cavalerie et de se précipiter au-devant des baïonnettes prussiennes, Napoléon III a répondu, en frisant sa moustache : « Ce serait très beau pour l’histoire, mais je ne suis pas du tout aussi mort, que ces bons Parisiens veulent bien le croire. Je rentrerai à Paris, non pour rendre |32 des comptes, mais pour en demander à ceux qui ont perdu la France : à Ollivier qui nous a fait tant de mal avec son parlementarisme, et aux députés de la gauche qui, en rognant le budget de l’armée, nous ont livrés, le pays et moi, à la Prusse. »

« Rouher, après son retour de Reims, travaille maintenant dans la direction de ces mêmes idées avec Palikao et avec tous les chefs de la droite. Les impérialistes sont pleins d’espérance, ils attendent avec certitude une victoire, qui sera le signal de la dissolution ou