Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/285

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remplacer par une autre, et rendre par là même la liberté complète de l’initiative, du mouvement et de l’organisation à toutes les provinces, à toutes les communes de la France, — ce qui équivaut à la dissolution de l’État, à la révolution sociale.

En détruisant la machine administrative, Gambetta se prive lui-même, son gouvernement, prive Paris du seul moyen qu’il avait de gouverner la France. Après avoir perdu le commandement officiel, l’initiative par décrets, Paris ne conservera plus que l’initiative de l’exemple, et il ne la conservera encore que dans le cas seulement, où par sa force morale, par l’énergie de ses résolutions, et par la conséquence révolutionnaire de ses actes, il se mettra réellement à la tête du mouvement national ; ce qui n’est point du tout probable. Cela me paraît tout à fait impossible, pour les raisons suivantes :

1o L’alliance forcée de Gambetta avec Thiers et Trochu ;

2o Son propre Jacobinisme, modérantisme républicain, aussi bien que celui de tous ses amis et de tout son parti ;

|36 3o La nécessité politique, pour Paris, dans l’intérêt de sa propre défense, de ne point trop choquer, effrayer les préjugés et les sentiments de l’armée, dont l’assistance lui est absolument nécessaire ;

4o Enfin l’impossibilité évidente pour Paris de s’occuper maintenant du développement et de l’application pratique des idées révolutionnaires, toutes les énergies et tous les esprits devant se concentrer nécessairement, exclusivement, sur la question de la défense. Paris assiégé se transformera en une immense ville de guerre. Toute sa population formera une immense armée, disciplinée par le sentiment du danger et par les nécessités