Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/296

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bourgeois. Et d’ailleurs, ils ne sont pas du tout aussi superstitieux et bigots que vous voulez bien le dire, ce sont leurs femmes qui le sont, mais toutes les femmes des ouvriers sont-elles bien libres vraiment des superstitions et des doctrines de la religion catholique et romaine ? Quant à |44 l’influence et à la direction des prêtres, ils ne les subissent qu’en apparence seulement, autant que le réclame la paix intérieure, et autant qu’elles ne contredisent point leurs intérêts. Cette superstition ne les a point empêchés, après 1789, d’acheter les biens de l’Église, confisqués par l’État, malgré la malédiction qui a été lancée par l’Église autant contre les acheteurs que contre les vendeurs. D’où il résulte, que pour tuer définitivement l’influence des prêtres dans les campagnes, la révolution n’a à faire qu’une seule chose : c’est de mettre en contradiction les intérêts des paysans avec ceux de l’Église.

J’ai entendu toujours avec peine, non seulement des jacobins, révolutionnaires, mais des socialistes élevés plus ou moins à l’école de Blanqui, et malheureusement même quelques-uns de nos amis intimes, qui ont subi indirectement l’influence de cette école, avancer cette idée complètement anti-révolutionnaire qu’il faudra que la future république abolisse par décret tous les cultes publics et ordonne également par décret l’expulsion violente de tous les prêtres. D’abord je suis l’ennemi absolu de la révolution par décrets qui est une conséquence et une application de l’idée de l’État révolutionnaire — c’est-à-dire de la réaction se cachant derrière les apparences de la révolution. Au système des décrets révolutionnaires, j’oppose celui des faits révolutionnaires, le seul efficace, conséquent et vrai. Le système autoritaire des décrets, en voulant imposer la liberté et l’égalité, les détruit. Le