Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/311

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exterminons les Prussiens et tous les amis des Prussiens », — les paysans français se lèveront et ils marcheront fraternellement à côté des ouvriers des villes de la France.

[1] Ils marcheront avec eux aussitôt qu’ils se seront convaincus que les ouvriers des villes ne prétendent pas leur imposer leur volonté, ni un ordre politique et social quelconque, inventé par les villes, pour |56 la plus grande félicité des campagnes, aussitôt qu’ils auront acquis l’assurance que les ouvriers n’ont aucunement l’intention de leur prendre leurs terres.

Eh bien, il est de toute nécessité aujourd’hui que les ouvriers renoncent réellement à cette prétention et à cette intention, et qu’ils y renoncent de manière à ce que les paysans le sachent et en demeurent tout à fait convaincus. Les ouvriers doivent y renoncer, car alors même que cette prétention et cette intention paraissaient réalisables, elles étaient souverainement injustes et réactionnaires, et maintenant que leur réalisation est devenue |57 impossible, elles ne constitueraient ni plus ni moins qu’une criminelle folie.

De quel droit les ouvriers imposeront-ils aux paysans une forme de gouvernement ou d’organisation économique quelconque ? Du droit de la révolution, dit-on. Mais la révolution n’est plus la révolution lorsqu’elle agit en despote et lorsqu’au lieu de provoquer la liberté dans les masses, elle provoque la réaction dans leur sein. Le moyen et la condition, sinon le but principal de la révo-

  1. À partir d’ici, la brochure (p. 107, l. 1, de cette réimpression) reprend la suite de la page 55 (l. 12) du manuscrit, et continue la reproduction de celui-ci, sans interruption, sauf quelques passages omis (dont celui sur la guerre civile, pp. 61 et 62), jusqu’à la ligne 5 de la page 67 du manuscrit. — J. G.