Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/318

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qu’ils s’appuient sur l’État. L’État une fois disparu, cet appui et leur puissance disparaîtra aussi. Quant aux plus madrés, les plus forts, — ils seront annulés par la puissance collective de la masse, du grand nombre des petits et très petits paysans, ainsi que des prolétaires des campagnes, — masse aujourd’hui asservie, réduite à la souffrance muette, mais que l’anarchie révolutionnaire rendra à la vie et armera d’une irrésistible puissance.

Enfin, je ne dis pas, que les campagnes qui se réorganiseront ainsi, de bas en haut, librement, créeront dès le premier coup une organisation idéale, conforme dans tous les points à celle que nous imaginons, que nous rêvons. Ce dont je suis convaincu, c’est que ce sera une organisation vivante, mille fois supérieure et plus juste à (sic) celle qui existe présentement, et qui d’ailleurs, ouverte à la propagande active des villes d’un côté, et de l’autre, ne pouvant jamais être fixée, ni pour ainsi dire pétrifiée par la protection de l’État ni par celle de la loi — puisqu’il n’y aura plus ni loi ni État — pourra progresser librement, se développer et se perfectionner d’une manière indéfinie, mais toujours vivante et libre, jamais décrétée, ni légalisée, jusqu’à arriver enfin à un point aussi raisonnable, qu’on peut le désirer et l’espérer de nos jours.

Comme la vie et l’action spontanée, suspendues pendant des siècles par l’action, par l’absorption toute-puissante de l’État, seront [rendues] |64 aux communes par l’abolition de l’État, il est naturel que chaque commune prendra pour point de départ de son développement nouveau, non l’état intellectuel et moral dans lequel la fiction officielle la suppose, mais l’état réel de la civilisation, et comme le degré de civilisation réelle est très différent entre les communes de France, aussi bien qu’entre celles de l’Europe, il en résultera nécessai-