Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/322

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tuellement par les Allemands, c’est l’excellence de leur machine administrative, — excellence, non au point de vue de la liberté et du bien-être des populations, mais au point de vue de la richesse et de la puissance exclusives de l’État. La machine administrative, si excellente qu’elle soit, n’est jamais la vie du peuple ; c’en est au contraire la négation absolue et directe. Donc la force qu’elle produit n’est jamais une force naturelle, organique, populaire, — c’est au contraire une force toute mécanique et toute artificielle. — Une fois brisée, elle ne se renouvelle pas d’elle-même, et sa reconstruction devient excessivement difficile. C’est pourquoi il faut bien se garder d’en forcer les ressorts — car si on les force trop, on la brise. Eh bien, il est certain |67 que Bismarck et son roi ont déjà trop forcé la machine. L’Allemagne a mis sur pied 1.500.000 soldats, et dieu sait les centaines de millions qu’elle a dépensés. Que Paris résiste, que la France tout entière se lève derrière lui, et la machine de l’Empire germanique se brisera.

[1] La France n’a plus à craindre ce malheur — ce bonheur ! Grâce aux Prussiens, il est tout accompli. La machine de l’État français est brisée, et Gambetta, Thiers et Trochu tous ensemble, même s’ils appelaient l’ogre bonapartiste, Palikao, à leur secours, ne la reconstruiront pas. La France ne peut plus être électrisée par l’idée de la grandeur, ni même par celle de l’honneur national. Tout cela reste derrière elle. Elle ne peut plus se défendre contre l’invasion étrangère par la puissance de sa machine administrative. Le gouvernement de Napoléon III l’a faussée, dérangée, disloquée, et les

  1. Ce qui suit, de la ligne 6 de la page 67 à la ligne 19 de la page 78 du manuscrit de Bakounine, n’a pas trouvé place dans la brochure. — J. G.