Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/336

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geois, trop avocats, trop chapons pour cela. Mais je suppose qu’à défaut d’énergie suffisante de leur part, le peuple de Paris, qui n’en manque certainement pas, le fasse de ses propres mains. Qui organisera alors le soulèvement de la France ? Le gouvernement républicain ou le Comité de salut public que le peuple lui-même aura installé à Paris. Mais de quels hommes sera composé ce gouvernement et ce Comité ? Y entreront sans doute Trochu, Thiers, Gambetta et Comp., c’est-à-dire les mêmes hommes qui par leurs lâches hésitations — hésitations causées principalement par la peur et par la répulsion extraordinaires que leur inspire à tous, au même degré, le socialisme révolutionnaire, le franc soulèvement du peuple — ont fait perdre à la France tout un mois, et cela au milieu des plus terribles circonstances dans lesquelles la France se soit jamais trouvée. Il faudrait être stupide ou aveugle, vraiment, pour espérer une action énergique, pour attendre quelque chose de bon, d’efficace, de réel, de la part de ces hommes ! Mais enfin supposons qu’ils seront énergiques, ou que, s’ils ne le sont pas, le peuple de Paris mettra des hommes inconnus et nouveaux, de vrais révolutionnaires socialistes à leur place.[1] Que pourra-t-il faire, ce gouvernement, pour organiser la défense de la France ?

La première difficulté qui se présente à l’esprit est celle-ci. Cette organisation, même dans les circonstances les plus favorables, et bien plus dans la crise présente, ne peut réussir qu’à cette condition que le pouvoir organisateur reste en rapports immédiats, réguliers, incessants avec le pays qu’il se propose d’organiser. Mais il n’y a point de doute, que sous peu de jours, lorsque

  1. À partir d’ici (l. 19 de la p. 78) jusqu’au bas de la page 80,