Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/374

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égoïste, cupide, étroite, bête, à la fois brutale et servile, féroce quand elle croit pouvoir l’être sans beaucoup de danger, comme dans les néfastes journées de Juin, toujours prosternée devant l’autorité et la force publique, dont elle attend son salut, et ennemie du peuple toujours et quand même.

La bourgeoisie hait le peuple à cause même de tout le mal qu’elle lui a fait ; elle le hait parce qu’elle voit dans la misère, dans l’ignorance et dans l’esclavage de ce peuple sa propre condamnation, parce qu’elle sait qu’elle n’a que trop bien mérité la haine populaire, et parce qu’elle se sent menacée dans toute son existence par cette haine qui chaque jour devient plus intense et plus irritée. Elle hait le peuple parce qu’il lui fait peur ; elle le hait doublement aujourd’hui, parce que seul patriote sincère, réveillé de sa torpeur par le malheur de cette France, qui n’a été d’ailleurs, comme toutes les patries du monde, qu’une marâtre pour lui, le peuple a osé se lever ; il se reconnaît, se compte, s’organise, commence à parler haut, chante la Marseillaise dans les rues, et par le bruit qu’il fait, par les menaces qu’il profère déjà contre les trahisseurs de la France, trouble l’ordre public, la conscience et la quiétude de Messieurs les bourgeois.

La confiance ne se gagne que par la confiance. La bourgeoisie |14 vient-elle de montrer la moindre confiance dans le peuple ? Bien loin de là. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle fait, prouve au contraire que sa défiance contre lui a dépassé toutes les bornes. C’est