Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/391

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cette question dans une autre brochure[1]. Ici je n’en dirai que peu de mots. La première condition sans doute, c’est la révocation immédiate et en masse de tous les fonctionnaires communaux actuels, car tant que ces bonapartistes resteront en place, il n’y aura rien à faire. Mais cette révocation ne sera qu’une mesure négative. Elle est absolument nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Sur le paysan, nature réaliste et défiante s’il en fut, on ne peut agir efficacement que par des moyens positifs. C’est assez dire que les décrets et les proclamations, fussent-ils même contresignés par tous les membres, d’ailleurs à lui parfaitement inconnus, du gouvernement |28 de la Défense nationale, aussi bien que les articles de journaux, n’ont aucune prise sur lui. Le paysan ne lit pas. Ni son imagination, ni son cœur ne sont ouverts aux idées, tant que ces dernières apparaissent sous une forme littéraire ou abstraite. Pour le saisir, les idées doivent se manifester à lui par la parole vivante d’hommes vivants et par la puissance des faits. Alors il écoute, il comprend et finit par se laisser convaincre.

Faut-il envoyer dans les campagnes des propagateurs, des apôtres de la république ? Le moyen ne serait point mauvais ; seulement il présente une difficulté et deux dangers. La difficulté consiste en ceci, c’est que le gouvernement de la Défense nationale, d’autant plus jaloux de son pouvoir que ce

  1. Lettres à un Français sur la crise actuelle. Septembre 1870. (Note de Bakounine.)