Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/401

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réelle du peuple, leurs promesses s’en vont naturellement toujours en fumée. Le peuple, déçu, murmure, menace, se révolte, et alors, pour contenir l’explosion du mécontentement populaire, ils se voient forcés, eux les révolutionnaires bourgeois, de recourir à la répression toute-puissante de l’État. D’où il résulte que l’État républicain est tout aussi oppressif que |36 |32 l’État monarchique ; seulement, il ne l’est point pour les classes possédantes, il ne l’est qu’exclusivement contre le peuple.

Aussi nulle forme de gouvernement n’eût-elle été aussi favorable aux intérêts de la bourgeoisie, ni aussi aimée de cette classe, que la république, si elle avait seulement, dans la situation économique actuelle de l’Europe, la puissance de se maintenir contre les aspirations socialistes, de plus en plus menaçantes, des masses ouvrières. Ce dont le bourgeois doute, ce n’est donc pas de la bonté de cette république, qui est toute en sa faveur, c’est de sa puissance comme État, ou de sa capacité de se maintenir et de le protéger contre les révoltes du prolétariat. Il n’y a pas de bourgeois qui ne vous dise : « La république est une belle chose, malheureusement elle est impossible ; elle ne peut durer, parce qu’elle ne trouvera jamais en elle-même la puissance nécessaire pour se constituer en État sérieux, respectable, capable de se faire respecter et de nous faire respecter par les masses. » Adorant la république d’un amour platonique, mais doutant de sa possibilité ou au moins de sa durée, le bourgeois tend par conséquent