Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/405

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lution en son sein : La classe des travailleurs |39 des villes.

Mais comment les travailleurs s’y prendront-ils pour révolutionner les campagnes ? Enverront-ils dans chaque village des ouvriers isolés comme apôtres de la république ? Mais où prendront-ils l’argent nécessaire pour couvrir les frais de cette propagande ? Il est vrai que MM. les préfets, les sous-préfets et commissaires généraux pourraient les envoyer aux frais de l’État. Mais alors ils ne seraient plus les délégués du monde ouvrier, mais ceux de l’État, ce qui changerait singulièrement leur caractère, leur rôle, et la nature même de leur propagande, qui deviendrait par là même une propagande non révolutionnaire, mais forcément réactionnaire ; car la première chose qu’ils seraient forcés de faire, ce serait d’inspirer aux paysans la confiance dans toutes les autorités nouvellement établies ou conservées par |35 la république, donc aussi la confiance dans ces autorités bonapartistes dont l’action malfaisante continue de peser encore sur les campagnes. D’ailleurs, il est évident que MM. les sous-préfets, les préfets et les commissaires généraux, conformément à cette loi naturelle qui fait préférer à chacun ce qui concorde avec lui et non ce qui lui est contraire, choisiraient, pour remplir ce rôle de propagateurs de la république, les ouvriers les moins révolutionnaires, les plus dociles ou les plus complaisants. Ce serait encore la réaction sous la forme ouvrière ; et, nous l’avons dit, la révo-