Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/414

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priétaires en France, n’en vivent pas moins du travail de leurs bras. C’est là ce qui les sépare foncièrement de la classe bourgeoise, dont la plus grande majorité vit de l’exploitation lucrative du travail des masses populaires ; et ce qui l’unit, d’un autre côté, aux travailleurs des villes, malgré la différence de leurs positions, toute au désavantage |47 de ces derniers, et la différence d’idées, les malentendus dans les principes qui en résultent malheureusement trop souvent.

Ce qui éloigne surtout les paysans des ouvriers des villes, |41 c’est une certaine aristocratie d’intelligence, d’ailleurs très mal fondée, que les ouvriers ont le tort d’afficher souvent devant eux. Les ouvriers sont sans contredit plus lettrés, leur intelligence, leur savoir, leurs idées sont plus développés. Au nom de cette petite supériorité scientifique, il leur arrive quelquefois de traiter les paysans d’en haut, de leur marquer leur dédain. Et, comme je l’ai déjà fait observer dans un autre écrit[1], les ouvriers ont grand tort, car à ce même titre, et avec beaucoup plus de raison apparente, les bourgeois, qui sont beaucoup plus savants et beaucoup plus développés que les ouvriers, auraient encore plus le droit de mépriser ces derniers. Et les bourgeois, comme on sait, ne manquent pas de s’en prévaloir.



  1. Lettres à un Français sur la crise actuelle. Septembre. (Note de Bakounine.) — Voir ci-dessus, pages 106-115. — J. G.