Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/417

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miques et sociaux, l’essence même et le centre de toute réaction. Lorsque, au nom de la révolution, on veut faire de l’État, ne fût-ce que de l’État provisoire, on fait de la réaction et on travaille pour le despotisme, non pour la liberté ; pour l’institution du privilège contre l’égalité.

« C’est clair comme le jour. Mais les ouvriers socialistes de la France, élevés dans les traditions politiques des Jacobins, n’ont jamais voulu le comprendre. Maintenant ils seront forcés de le comprendre, par bonheur pour la révolution et pour eux-mêmes. D’où leur est venue cette prétention aussi |43 ridicule qu’arrogante, aussi injuste que funeste, d’imposer leur idéal politique et social à dix millions de paysans qui n’en veulent pas ? C’est évidemment encore un héritage bourgeois, un legs politique du révolutionnarisme bourgeois. Quel est le fondement, l’explication, la théorie de cette prétention ? C’est la supériorité prétendue ou réelle de l’intelligence, de l’instruction, en un mot de la civilisation ouvrière, sur la civilisation des campagnes. Mais savez-vous qu’avec un tel principe on peut légitimer toutes les conquêtes, consacrer toutes les oppressions ? Les bourgeois n’en ont jamais eu d’autre pour prouver leur mission de gouverner, ou, ce qui veut dire la même chose, d’exploiter le monde ouvrier. De nation à nation, aussi bien que d’une classe à une autre, ce principe fatal, et qui n’est autre que celui de l’autorité, explique et pose comme un droit tous les envahissements et toutes les conquêtes. Les Alle-