Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/430

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Vous vous rappelez sans doute, cher ami, les |60 scènes qui se sont passées dans la seconde moitié de septembre, à Lyon, par suite de la mise en liberté de l’ancien préfet, du procureur général et des sergents de ville de l’empire. Cette mesure, ordonnée directement par M. Gambetta, et exécutée avec zèle et bonheur par M. Andrieux, procureur de la République, assisté par le conseil municipal, avait d’autant plus révolté le peuple de Lyon, qu’à cette heure même se trouvaient, dans les forts de cette ville, beaucoup de soldats emprisonnés, mis aux fers, pour le seul crime d’avoir manifesté hautement leur sympathie pour la République, et dont le peuple, depuis plusieurs jours, réclamait vainement la délivrance.

|52 Je reviendrai sur cet incident, qui fut la première manifestation de la scission qui devait nécessairement se produire entre le peuple de Lyon et les autorités républicaines, tant municipales, électives, que nommées par le gouvernement de la Défense nationale. Je me bornerai maintenant, cher ami, à vous faire observer la contradiction plus qu’étrange qui existe entre l’indulgence extrême, excessive, je dirai plus, impardonnable de ce gouvernement pour des gens qui ont ruiné, déshonoré et trahi le pays, et qui continuent de le trahir encore aujourd’hui, et la sévérité draconienne dont il use vis-à-vis des républicains, plus républicains et infiniment plus révolutionnaires que lui. On dirait que le pouvoir dictatorial lui a été donné non par la révolution, mais