Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/440

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Et pourtant il est si évident que Décembre ne fut autre chose que la conséquence fatale et la répétition en grand de Juin !

Pourquoi ce silence sur Juin ? Est-ce parce que les criminels de Juin étaient des républicains bourgeois, dont les écrivains ci-dessus nommés ont été, moralement, plus ou moins complices ? Complices de leur principe et nécessairement alors les complices indirects de leur fait ? Cette raison est probable. Mais il en est une autre encore, qui est certaine : Le crime de Juin n’a frappé que des ouvriers, des socialistes révolutionnaires, par conséquent des étrangers à la classe et des ennemis naturels du principe que représentent tous ces écrivains honorables. Tandis que le crime de Décembre a atteint et déporté des milliers de républicains bourgeois, leurs frères au point de vue social, leurs coreligionnaires au point de vue politique. Et d’ailleurs ils en ont |59 été eux-mêmes tous plus ou moins les victimes. De là leur extrême sensibilité pour Décembre et leur indifférence pour Juin.

    employés à cette œuvre sanglante, puisqu’ils furent eux-mêmes du nombre des exécuteurs. Victor Hugo fut « un des soixante représentants envoyés par la Constituante pour réprimer l’insurrection et diriger les colonnes d’attaque », et, le 25 juin, « il faisait face à l’insurrection d’ans une des rues voisines [de la place des Vosges] ». (V. Hugo, Actes et paroles, depuis l’exil.) Quant à Quinet, il a dit : « Colonel de la onzième légion, chargé de la garde de l’Assemblée, je l’ai couverte. Les bonapartistes étaient au fond de l’insurrection (sic) ; moi, je défendais la République… Peut-être Louis Bonaparte serait-il arrivé porté sur le pavois, si l’insurrection de Juin eût triomphé. » (Edgar Quinet avant l’exil.) — J. G.