Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/468

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gique, la Hollande et tout le Danemark ; la possession de ces deux derniers royaumes lui étant indispensable pour la création et pour la consolidation de sa puissance maritime. Tout cela sera la conséquence nécessaire de son triomphe sur la France, si seulement ce triomphe est définitif et complet. Mais tout cela, en supposant même les circonstances les plus heureuses pour la Prusse, ne pourra se réaliser d’un coup. L’exécution de ces projets immenses prendra bien des années, et, pendant tout ce temps, la Prusse aura besoin plus que jamais du concours de la Russie ; car il faut bien supposer que le reste de l’Europe, tout lâche et tout stupide qu’il se montre à présent, finira pourtant par se réveiller quand il sentira le couteau sur sa gorge, et ne se laissera pas accommoder à la sauce prusso-germanique, sans résistance et sans combats. Seule, la Prusse, même triomphante, même après avoir écrasé la France, serait trop faible pour lutter contre tous les États de l’Europe réunis. Si la Russie se tournait aussi contre elle, |78 elle serait perdue. Elle succomberait même avec la neutralité russe ; il lui faudra absolument le concours effectif de la Russie ; ce même concours qui lui rend aujourd’hui un service immense, en tenant en échec l’Autriche : car il est évident que si l’Autriche n’était point menacée par la Russie, le lendemain même de l’entrée des armées allemandes sur le territoire de la France elle aurait jeté les siennes sur la Prusse, sur l’Allemagne dégarnie de soldats, pour reconquérir sa domination per-