Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/469

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

due et pour tirer une revanche éclatante de Sadowa.

M. de Bismarck est un homme trop prudent pour se brouiller au milieu de circonstances pareilles avec la Russie. Certes cette alliance doit lui être désagréable sous bien des rapports. Elle le dépopularise en Allemagne. M. de Bismarck est sans doute trop homme d’État pour attacher une valeur sentimentale à l’amour et la confiance des peuples. Mais il sait que cet amour et cette |91 confiance constituent par moments une grande force, la seule chose qui, aux yeux d’un profond politique comme lui, soit vraiment respectable. Donc cette impopularité de l’alliance russe le gêne. Il doit sans doute regretter que la seule alliance qui reste aujourd’hui à l’Allemagne soit précisément celle que repousse le sentiment unanime de l’Allemagne.




Quand je parle des sentiments de l’Allemagne, j’entends naturellement ceux de sa bourgeoisie et de son prolétariat. La noblesse allemande n’a point de haine pour la Russie, car elle ne connaît de la Russie que l’empire, dont la politique barbare et les procédés sommaires lui plaisent, flattent ses instincts, conviennent à sa propre nature. Elle avait pour feu l’empereur Nicolas une admiration enthousiaste, un vrai culte. Ce Gengis-Khan germanisé, ou plutôt ce prince allemand mongolisé, réalisait à ses yeux le sublime idéal du souverain absolu. Elle en retrouve