Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/472

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et si désastreuse pour elle-même l’unique révolution de paysans qui ait eu lieu en Allemagne ; — ensuite l’instruction profondément rétrograde dont j’ai déjà parlé et qui domine dans toutes les écoles de l’Allemagne et de la Prusse surtout ; — l’égoïsme, les instincts et les préjugés de conservation qui sont inhérents à tous les propriétaires grands et petits ; — enfin l’isolement relatif des travailleurs des campagnes, qui ralentit d’une manière excessive la circulation des idées et le développement des passions politiques. De tout cela il résulte que les paysans propriétaires de l’Allemagne s’intéressent beaucoup plus à leurs affaires communales, qui les touchent de plus près, qu’à la politique générale. Et comme la nature allemande, généralement considérée, est beaucoup plus portée à l’obéissance qu’à la résistance, à la pieuse confiance qu’à la révolte, il s’ensuit que le paysan allemand s’en remet volontiers, pour tous les intérêts généraux du pays, à la sagesse des hautes autorités instituées par |93 Dieu. Il arrivera sans doute un moment où le paysan de l’Allemagne se réveillera aussi. Ce sera lorsque la grandeur et la gloire du nouvel empire prusso-germanique qu’on est en train de fonder aujourd’hui, non sans une certaine sympathie mystique et historique de sa part, se traduira pour lui en lourds impôts, en désastres économiques. Ce sera lorsqu’il verra sa petite propriété, grevée de dettes, d’hypothèques, de taxes et de surtaxes de toutes sortes, se fondre et disparaître entre ses mains, pour aller arrondir le patrimoine