Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/473

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toujours grossissant des grands propriétaires ; ce sera lorsqu’il reconnaîtra que, par une loi économique fatale, il est poussé à son tour dans le pro- |81 létariat. Alors il se réveillera et probablement il se révoltera aussi. Mais ce moment est encore éloigné, et s’il faut l’attendre, l’Allemagne, qui ne pèche pourtant pas par une trop grande impatience, pourrait bien perdre patience.

Le prolétariat des fabriques et des villes se trouve dans une situation toute contraire. Quoique attachés comme des serfs, par la misère, aux localités dans lesquelles ils travaillent, les ouvriers, n’ayant pas de propriété, n’ont point d’intérêts locaux. Tous leurs intérêts sont d’une nature générale, pas même nationale, mais internationale ; parce que la question du travail et du salaire, la seule qui les intéresse directement, réellement, quotidiennement, vivement, mais qui est devenue le centre et la base de toutes les autres questions, tant sociales que politiques et religieuses, tend, aujourd’hui, à prendre, par le simple développement de la toute-puissance du capital dans l’industrie et dans le commerce, un caractère absolument international. C’est là ce qui explique la merveilleuse croissance de l’Association Internationale des Travailleurs, association qui, fondée il y a six ans à peine, compte déjà, dans la seule Europe, plus d’un million de membres.

Les ouvriers allemands ne sont pas restés en arrière des autres. Dans ces dernières années surtout ils ont fait des progrès considérables, et le moment