Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/496

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honnête conscience, qui valent souvent mieux que la science, toutes ses idoles d’hier. C’est ainsi que se réveille l’esprit du peuple. Avec l’esprit naît en lui l’instinct sacré, l’instinct essentiellement humain de la révolte, source de toute émancipation, et se développent simultanément sa morale et sa prospérité matérielle, filles jumelles de la liberté. Cette liberté, si bienfaisante pour le peuple, trouve un appui, une |98 garantie et un encouragement dans la guerre civile elle-même, qui, en divisant ses oppresseurs, ses exploiteurs, ses tuteurs ou ses maîtres, diminue nécessairement la puissance malfaisante des uns et des autres. Quand les maîtres s’entre-déchirent, le pauvre peuple, délivré, au moins en partie, de la monotonie de l’ordre public, ou plutôt de l’anarchie et de l’iniquité pétrifiées qui lui sont imposées, sous ce nom d’ordre public, par leur autorité détestable, peut respirer un peu plus à son aise. D’ailleurs les parties adverses, affaiblies par la division et la lutte, ont besoin de la sympathie des masses pour triompher l’une de l’autre. Le peuple devient une maîtresse adulée, recherchée, courtisée. On lui fait toutes sortes de promesses, et lorsque le peuple est assez intelligent pour ne point se contenter de promesses, on lui fait des concessions réelles, politiques et matérielles. S’il ne s’émancipe pas alors, la faute en est à lui seul.

Le procédé que je viens de décrire est précisément celui par lequel les communes de tous les pays de l’Occident de l’Europe se sont émancipées, plus ou