Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/503

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entre l’Italie et l’Allemagne, les villes allemandes auraient pu s’allier ou se fédérer avec les villes italiennes, comme elles s’étaient alliées avec des villes flamandes et plus tard même avec quelques villes polonaises ; elles auraient dû naturellement le faire non sur une base exclusivement allemande, mais largement internationale ; et qui sait si une telle alliance, en ajoutant, à la force native et un peu lourde et brute des Allemands, l’esprit, la capacité politique et l’amour de la liberté des Italiens, n’eût |118 pas donné au développement politique et social de l’Occident une direction toute différente et bien autrement avantageuse pour la civilisation du monde entier ? Le seul grand désavantage qui, probablement, serait résulté d’une telle alliance, c’eût été la formation d’un nouveau monde politique, puissant et libre, en dehors des masses agricoles et par conséquent contre elles ; les paysans de l’Italie et de l’Allemagne auraient été livrés encore plus à la merci des seigneurs féodaux, résultat qui, d’ailleurs, n’a point été évité, puisque l’organisation municipale des villes a eu pour conséquence de séparer |103 profondément les paysans des bourgeois et de leurs ouvriers, en Italie aussi bien qu’en Allemagne.

Mais ne rêvons pas pour ces bons bourgeois allemands ! Ils rêvent assez eux-mêmes ; il est malheureux seulement que leurs rêves n’aient jamais eu la liberté pour objet. Ils n’ont jamais eu, ni alors, ni depuis, les dispositions intellectuelles et morales nécessaires pour concevoir, pour aimer, pour vou-