Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/513

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dont les ouvrages furent traduits en langue bohême. Toutes ces hérésies avaient également frappé aux portes de l’Allemagne ; elles ont dû même la traverser pour arriver en Bohême. Mais au sein du peuple allemand elles ne trouvèrent pas le moindre écho. Portant en elles le germe de la révolte, elles durent glisser, sans pouvoir l’entamer, sur sa fidélité inébranlable, ne parvenant pas même à troubler son sommeil profond. Par contre, elles trouvèrent un terrain propice en Bohême, dont le peuple asservi, mais non germanisé, maudissait du plein de son cœur et cette servitude et toute la civilisation aristocratico-bourgeoise des Allemands. Cela explique pourquoi, dans la voie de la protestation religieuse, le peuple tchèque a dû devancer d’un siècle le peuple allemand.

L’une des premières manifestations de ce mouvement religieux en Bohême fut l’expulsion en masse de tous les professeurs allemands de l’université de Prague, crime horrible que les Allemands ne purent jamais pardonner au peuple tchèque. Et pourtant, si l’on y regarde de plus près, on devra convenir que ce peuple eut mille fois raison de chasser ces corrupteurs patentés et serviles |127 de la jeunesse slave. À l’exception d’une très courte période, de trente-cinq ans à peu près, entre 1813 et 1848, pendant lesquels le déver |116 gondage du libéralisme, voire même du démocratisme français, s’était glissé par contrebande et s’était maintenu dans les universités allemandes, représenté par une vingtaine, une trentaine de sa-