Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/523

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par la Réforme religieuse. Je veux parler de la tentative d’une organisation mystico-communiste par les anabaptistes de Munster, capitale de la Westphalie. Munster fut pris et Jean de Leyde, le prophète anabaptiste, fut supplicié aux applaudissements de Mélanchthon et de Luther.

D’ailleurs, déjà cinq ans auparavant, en 1530, les deux théologiens de l’Allemagne avaient posé les scellés sur tout mouvement ultérieur, même religieux, dans leur pays, en présentant à l’empereur et aux princes de l’Allemagne leur Confession d’Augsbourg, qui, pétrifiant d’un seul coup le libre essor des âmes, reniant même cette liberté des consciences individuelles au nom de laquelle la Réformation s’était faite, leur imposant comme une loi absolue et divine un dogmatisme |135 nouveau, sous la garde de princes protestants reconnus comme les protecteurs naturels et les chefs du culte religieux, constitua une nouvelle Église officielle, qui, plus absolue même que l’Église catholique romaine, aussi servile, vis-à vis du pouvoir temporel, que l’Église de Byzance, fut désormais, entre les mains de ces princes protestants, un instrument de despotisme terrible, et condamna l’Allemagne tout entière, protestante et par contre-coup catholique aussi, à trois siècles au moins du plus abrutissant esclavage, un esclavage, hélas ! qui ne paraît pas même aujourd’hui disposé, ce me semble, à faire place à la liberté[1].

  1. Pour se convaincre de l’esprit servile qui caractérise l’Église luthérienne en Allemagne, même encore de nos jours,