Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/53

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de la Défense nationale en avait la preuve ; et de son côté le Volksstaat, de Liebknecht, imprimait ces lignes à propos du mouvement du 28 septembre et du programme de l’affiche rouge : « On n’aurait pas pu mieux faire au bureau de la presse, à Berlin, pour servir les desseins de Bismarck[1] ».

Le 24 octobre, désespérant de la France, Bakounine quittait Marseille, à bord d’un navire dont le capitaine était l’ami de ses amis, pour retourner à Locarno par Gênes et Milan. La veille il écrivait à un socialiste espagnol, Sentiñon, qui était venu en France avec l’espoir de se mêler au mouvement révolutionnaire : « Le peuple de France n’est plus révolutionnaire du tout… Le militarisme et le bureaucratisme, l’arrogance nobiliaire et le jésuitisme protestant des Prussiens, alliés tendrement au knout de mon cher souverain et maître l’empereur de toutes les Russies, vont triompher sur le continent de l’Europe, Dieu sait pendant combien de dizaines d’années. Adieu tous nos rêves d’émancipation prochaine ! » Le mouvement qui éclata à Marseille le 31 octobre, sept jours après le départ de Bakounine, ne fit que le confirmer dans son jugement pessimiste : la Commune révolutionnaire, qui s’était installée à l’hôtel de

  1. « Jedenfalls hätte die obige Proclamation im Berliner Pressbureau nicht passender für Graf Bismarck gemacht werden können. »