Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/86

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fronter les dangers d’une guerre avec la France, pour défendre son droit d’asile contre Louis-Philippe réclamant l’extradition du prince Louis-Napoléon, aujourd’hui empereur des Français ; et qui, après la dernière insurrection polonaise, avait osé réclamer de l’empereur d’Autriche non l’arrestation, mais la mise en liberté de M. Langiewicz, auquel elle avait accordé le droit de cité ; cette Helvétie jadis si indépendante et si fière, elle est gouvernée aujourd’hui par un Conseil fédéral qui ne semble plus chercher son honneur |4 que dans les services de gendarme et d’espion qu’il rend à tous les despotes.


Il a inauguré son nouveau système de complaisance politique par un fait éclatant et dont l’inexorable histoire tiendra compte à l’hospitalité républicaine de la Suisse. Ce fut l’expulsion du grand patriote italien, Mazzini, coupable d’avoir créé l’Italie et d’avoir consacré toute sa vie, quarante années d’une activité indomptable, au service de l’humanité. Chasser Mazzini, c’était expulser du territoire républicain de la Suisse le génie même de la liberté. C’était donner un soufflet à l’honneur même de notre patrie.

Le Conseil fédéral ne s’est point laissé arrêter par cette considération. C’est un gouvernement républicain, il est vrai, mais après tout il n’en est pas moins un gouvernement, et tout pouvoir politique, quelle qu’en soit la dénomination et la forme extérieure, est animé d’une haine naturelle, instinctive contre