Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/95

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transformé dans leur bouche, chaque parole signifiant en réalité tout le contraire de ce qu’elle semble vouloir exprimer : on dirait une société de bandits qui, par une ironie sanglante, ferait usage des plus honnêtes expressions, pour discuter les desseins et les actes les plus cri |11 minels. N’est-ce pas encore aujourd’hui le caractère de la France impériale ?

Y a-t-il quelque chose de plus dégoûtant, de plus vil, par exemple, que le Sénat impérial, composé, aux termes de la constitution, de toutes les illustrations du pays ? N’est-ce pas, à la connaissance de tout le monde, la maison des invalides de tous les complices du crime, de tous les décembristes fatigués et repus ? Sait-on quelque chose de plus déshonoré que la justice de l’empire, que tous ces tribunaux et ces magistrats qui ne reconnaissent d’autre devoir que de soutenir quand même l’iniquité impériale ?

Eh bien ! c’est pour servir les intérêts d’un de ces pères conscrits du crime de Décembre, c’est uniquement sur la foi d’un arrêt prononcé par l’un de ces tribunaux, que le gouvernement de Napoléon III, fort du traité de dupe conclu par la Suisse avec lui, réclame aujourd’hui l’extradition de Mme Limousin. Le prétexte officiel, et il en faut toujours un, — l’hypocrisie, comme dit une maxime passée en proverbe, étant un hommage que le vice rend à la vertu, — le prétexte officiel dont se sert le ministre de France, pour appuyer sa demande, c’est la condamnation prononcée par le tribunal de Bordeaux