Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/102

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les hommes et les femmes de ce monde impérial, qui ont si bien idéalisé et sauvé la France. Ce sont ses journalistes et ses savants : les Cassagnac, les Girardin, les Duvernois, les Veuillot, les Leverrier, les Dumas, C’est enfin la noire phalange des Jésuites et des Jésuitesses de toute robe ; c’est toute la noblesse et toute la haute et moyenne bourgeoisie de la France. Ce sont les doctrinaires libéraux et les libéraux sans doctrine : les Guizot, les Thiers, les Jules Favre, les Pelletan et les Jules Simon, tous défenseurs acharnés de l’exploitation bourgeoise. En Prusse, en Allemagne, c’est Guillaume Ier, le vrai démonstrateur actuel du bon Dieu sur la terre ; ce sont tous ses généraux, tous ses officiers poméraniens et autres, toute son armée qui, forte de sa foi religieuse, vient de conquérir la France de la manière idéale que l’on sait. En Russie, c’est le tsar et |199 toute sa cour ; ce sont les Mouravief et les Berg, tous les égorgeurs et les pieux convertisseurs de la Pologne. Partout, en un mot, l’idéalisme, religieux ou philosophique, l’un n’étant rien que la traduction plus ou moins libre de l’autre, sert aujourd’hui de drapeau à la force matérielle, sanguinaire et brutale, à l’exploitation matérielle éhontée ; tandis qu’au contraire le drapeau du matérialisme théorique, le drapeau rouge de l’égalité économique et de la justice sociale, est levé par l’idéalisme pratique des masses opprimées et affamées, qui tend à réaliser la plus grande liberté et le droit humain de chacun dans la fraternité de tous les hommes sur la terre.