Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/157

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avoué : la réconciliation de la Révolution avec la Réaction, ou, pour parler le langage de l’école, du principe de la liberté avec celui de l’autorité, naturellement au profit de ce dernier.

Cette réconciliation signifiait, en politique, l’escamotage de la liberté populaire au profit de la domination bourgeoise, représentée par l’État monarchique et constitutionnel ; en philosophie, la soumission réfléchie de la libre raison aux principes éternels de la foi. Nous n’avons à nous occuper ici que de cette dernière partie.

On sait que cette philosophie fut principalement élaborée par M. Cousin, le père de l’éclectisme français. Parleur superficiel |247 et pédant ; innocent de toute conception originale, de toute pensée qui lui fût propre, mais très fort dans le lieu commun, qu’il a le tort de confondre avec le bon sens, ce philosophe illustre a préparé savamment, à l’usage de la jeunesse étudiante de France, un plat métaphysique de sa façon, et dont la consommation, rendue obligatoire dans toutes les écoles de l’État, soumises à l’Université, a condamné plusieurs générations de suite à une indigestion du cerveau[1]. Qu’on s’imagine une vinaigrette philosophique, composée des systèmes les plus opposés, un mélange de Pères de l’Église, de scolas-

  1. C’est ici que se termine la brochure Dieu et l’État. Les éditeurs font suivre cette dernière phrase de cette mention : « Ici le manuscrit est interrompu ». Or, comme on le voit, le manuscrit, qu’ils ont arbitrairement coupé au milieu d’une page, ne présente aucune interruption ; et il est continué encore par 92 feuillets. — J. G.