Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riches, qui est la cause de leur misère et de leur esclavage. Telle est la vraie nature et la vraie mission de l’État.)

Il en est de même de la famille, d’ailleurs si indissolublement liée, par son principe aussi bien que dans le fait, au principe et au fait de la propriété individuelle et héréditaire. L’autorité de l’époux et du père constitue un droit naturel. La société, représentée par l’État, la consacre juridiquement. Mais en même temps elle pose certaines limites au pouvoir naturel de l’un et de l’autre, pour sauvegarder un autre droit naturel, celui de |273[1] la liberté individuelle des membres subordonnés de la famille, c’est-à-dire de la mère et des enfants. Et c’est précisément en lui imposant ces limites qu’elle le consacre, le convertit en droit juridique et donne force de loi à l’autorité maritale et paternelle. Le système considère la famille juridique, fondée sur cette double autorité et sur la propriété juridiquement héréditaire, comme la base essentielle de toute morale, de toute civilisation humaine, de l’État.

Il considère l’État comme une institution divine, en ce sens qu’il a été fondé et développé successivement, dès le commencement de l’histoire, par la raison divine, objective, qui est inhérente à l’huma-

  1. Au verso du feuillet 273, Bakounine a écrit ces lignes (le 18 mars 1871), en me faisant l’envoi de ce feuillet et des douze feuillets suivants : « 13 pages, 273-285 inclusivement. Je pars demain pour Florence, reviendrai dans dix jours. Adresse tes lettres toujours à Locarno. — Quand pars-tu ? Attends de tes nouvelles. J’embrasse Schwitz. — Ton M. B. »