Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/230

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tout, — ceci ne vous regarde pas. Qu’il vous suffise de savoir qu’il porte des intérêts. Seulement ces intérêts sont insuffisants pour couvrir mes dépenses. Je ne suis pas un homme grossier comme vous, je ne puis ni ne veux me contenter de peu. Je veux bien vivre, moi, habiter une belle maison, |98 bien manger et bien boire, rouler carrosse, faire le beau, en un mot me procurer toutes les jouissances de la vie. Je veux aussi donner une bonne éducation à mes enfants, en faire des messieurs et les faire étudier, afin que, beaucoup plus instruits que les vôtres, ils puissent les dominer un jour, comme je vous domine aujourd’hui. Et, comme l’instruction seule ne suffit pas, je veux leur laisser un gros héritage, pour qu’en le partageant entre eux ils restent au moins aussi riches que moi. Par conséquent, outre les jouissances que je veux me donner, je veux encore grossir mon capital. Comment ferai-je pour arriver à ce but ? Armé de ce capital, je me propose de vous exploiter, et je vous propose de vous laisser exploiter par moi. Vous travaillerez, et je recueillerai, je m’approprierai et je vendrai pour mon propre compte le produit de votre travail, en ne vous en laissant que la partie absolument nécessaire pour que vous ne mouriez pas de faim aujourd’hui, afin que demain vous puissiez travailler encore pour moi aux mêmes conditions ; et, quand je vous aurai épuisés, je vous chasserai et vous remplacerai par d’autres. Sachez bien que je vous paierai le salaire aussi petit, et que je vous imposerai la journée aussi longue et