Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/231

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les conditions de travail aussi sévères, aussi despotiques, aussi dures que possible ; non par méchanceté, — je n’ai aucune raison de vous haïr, ni de vous faire du mal, — mais par amour du gain et pour m’enrichir plus vite ; parce que moins je vous paierai et plus vous travaillerez, plus je gagnerai. »

Voilà ce que dit implicitement tout capitaliste, tout entrepreneur d’industrie, tout chef d’établissement, tout demandeur de travail, aux travailleurs qu’il recrute.

Mais puisque l’offre et la demande sont égales, dira-t-on, pourquoi les ouvriers accepteraient-ils de pareilles conditions ? Le capitaliste ayant tout aussi besoin d’occuper |98 bis cent ouvriers que les cent ouvriers d’être occupés par lui, ne s’en suit-il pas qu’ils sont l’un comme chacun des autres dans des conditions parfaitement égales, arrivant tous les deux sur le marché comme deux marchands également libres, au point de vue juridique au moins, et apportant, l’un, une marchandise qui s’appelle le salaire journalier, soit par jour ou à terme, et voulant l’échanger contre une autre marchandise qui s’appelle le travail journalier de l’ouvrier, de tant d’heures par jour ; et l’autre apportant sa marchandise à lui, qui s’appelle son propre travail journalier, et qu’il veut échanger contre le salaire offert par le capitaliste. Puisque, dans notre supposition, la demande est de cent travailleurs, et que l’offre est de cent travailleurs aussi, il semble que des deux côtés les conditions sont égales.