Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/238

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hommes, ce qui les rendrait esclaves à leur tour, mais par l’organisation même du milieu social : organisation constituée de manière que, tout en laissant à chacun la plus entière jouissance de sa liberté, elle ne laisse la possibilité à aucun de s’élever au-dessus des autres, ni de les dominer, autrement que par l’influence naturelle des qualités intellectuelles ou morales qu’il possède, sans que cette influence puisse jamais s’imposer comme un droit ni s’appuyer sur une institution politique quelconque.

Toutes les institutions politiques, même les plus démocratiques et fondées sur la plus large application du suffrage universel, alors même qu’elles commencent, comme elles le font souvent à leur origine, par placer au pouvoir les personnes les plus dignes, les plus libérales, les plus dévouées au bien commun, et les plus capables de le servir, finissent toujours, précisément parce qu’elles ont pour effet nécessaire de transformer l’influence naturelle et, comme telle, parfaitement légitime de ces hommes, en un droit, par produire une double démoralisation, un double mal.

D’abord, elles ont pour effet immédiat et direct de transformer des hommes réellement libres en citoyens soi-disant libres aussi et qui, par une illusion et une infatuation singulières, continuent même à se considérer comme les égaux de tout le monde, mais qui, en réalité, sont forcés désormais d’obéir aux représentants de la loi, |103 à des hommes.