Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étouffer dans son embrassement maternel, il n’est, pour eux, ni d’indépendance ni de révolte possible.

Il est vrai que, par la connaissance et par l’application réfléchie des lois de la nature, l’homme s’émancipe graduellement, mais non de ce joug universel que portent avec lui tous les êtres vivants et toutes les choses qui existent, qui se produisent et qui disparaissent dans le monde ; il se délivre seulement de la pression brutale qu’exerce sur lui son monde extérieur, matériel et social, y compris toutes les choses et tous les hommes qui l’entourent. Il domine les choses par la science et par le travail ; quant au joug arbitraire des hommes, il le renverse par les révolutions. Tel est donc l’unique sens rationnel de ce mot liberté : c’est la domination sur les choses extérieures, fondée sur l’observation respectueuse des lois de la nature ; c’est l’indépendance vis-à-vis des prétentions et des actes despotiques des hommes ; c’est la science, le travail, la révolte politique, c’est enfin l’organisation à la fois réfléchie et libre du milieu social, conformément aux lois naturelles qui sont inhérentes à toute humaine société. La première et la dernière condition de cette liberté restent donc toujours la soumission la plus absolue à l’omnipotence de la nature, notre mère, et l’observation, l’application la plus rigoureuse de ses lois.

Personne ne parle du libre arbitre des animaux. Tous s’accordent en ceci, que les animaux, à chaque instant de leur vie et dans chacun de leurs actes,