Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/287

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plus grands criminels, des hommes malfaisants au plus haut degré, sont doués quelquefois de la plus grande puissance de volonté ; et, d’un autre côté, nous voyons assez souvent, hélas ! des hommes excellents, bons, justes, pleins de sentiments bienveillants, être privés de cette |140 faculté. Ce qui prouve que la faculté de vouloir est une puissance toute formelle qui n’implique par elle-même ni le bien, ni le mal. — Qu’est-ce que le Bien ? et qu’est-ce que le Mal ?

Au point où nous en sommes arrivés, en continuant à considérer l’homme, en dehors de la société, comme un animal tout aussi naturel, mais plus parfaitement organisé que les animaux des autres espèces, et capable de les dominer grâce à l’incontestable supériorité de son intelligence et de sa volonté, la définition la plus générale et en même temps la plus répandue du Bien et du Mal me paraît être celle-ci :

Tout ce qui est conforme aux besoins de l’homme et aux conditions de son développement et de sa pleine existence, pour l’homme, — mais pour l’homme seul, non sans doute pour l’animal qu’il dévore[1], — c’est le Bien. Tout ce qui leur est contraire, c’est le Mal.

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  1. Nous verrons plus tard, et nous savons déjà maintenant, que cette définition du bien et du mal est considérée encore aujourd’hui comme la seule réelle, comme la seule sérieuse et valable, par toutes les classes privilégiées, vis-à-vis du prolétariat qu’elles exploitent. (Note de Bakounine.)