Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/311

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l’erreur. Il est une cause de destruction, sans doute, mais une cause relative, effet d’une quantité d’autres causes ; il n’est qu’un phénomène fatalement déterminé par la causalité universelle, par cet ensemble d’actions et de réactions continues qui constitue la nature. Il en est de même de tous les actes qui peuvent être accomplis par tous les êtres organisés, animés et intelligents. À l’instant où ils naissent, ils ne sont d’abord rien que des produits ; mais à peine nés, tout en continuant d’être produits et reproduits jusqu’à leur mort par cette même nature qui les a créés, ils deviennent à leur tour des causes relativement agissantes, les uns avec la conscience et le sentiment de ce qu’ils font, comme tous les animaux y compris l’homme, les autres inconsciemment, comme toutes les plantes. Mais quoi qu’ils fassent, les uns comme les autres ne sont rien que des causes relatives, agissantes au sein même et selon les lois de la nature, jamais contre elles. Chacun agit selon les facultés ou les propriétés ou les lois qui lui sont passagèrement inhérentes, qui constituent tout son être, mais qui ne sont pas irrévocablement attachées à son existence ; à preuve que, lorsqu’il meurt, ces facultés, ces propriétés, ces lois ne meurent pas ; elles lui survivent, adhérentes à des êtres nouveaux et n’ayant d’ailleurs aucune existence en dehors de cette contemporanéité et de cette succession des êtres réels, de sorte qu’elles ne constituent elles-mêmes aucun être immatériel ou à part, étant éternellement adhérentes aux transfor-