Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

activité. Mais tout ce qui est formel n’acquiert une réalité quelconque qu’en se rapportant à son objet : et quel est l’objet de cette activité formelle que nous appelons la pensée ? C’est le monde réel. L’intelligence humaine ne se développe, ne progresse que par la connaissance des choses et des faits réels ; par l’observation réfléchie et par la constatation de plus en plus exacte et détaillée des rapports qui existent entre eux, et de la succession régulière des phénomènes naturels, des différents ordres de leur développement, ou, en un mot, de toutes les lois qui leur sont propres. Une fois que l’homme a acquis la connaissance de ces lois, auxquelles sont soumises toutes les existences réelles, y compris la sienne propre, il apprend d’abord à prévoir certains phénomènes, ce qui lui permet de les prévenir ou de se garantir contre celles de leurs conséquences qui pourraient être fâcheuses et nuisibles pour lui. En outre, cette |162 connaissance des lois qui président au développement des phénomènes naturels, appliquée à son travail musculaire et d’abord purement instinctif ou animal, lui permet à la longue de tirer parti de ces mêmes phénomènes naturels et de toutes les choses dont l’ensemble constitue le monde extérieur et qui lui étaient d’abord si hostiles, mais qui, grâce à ce larcin scientifique, finissent par contribuer puissamment à la réalisation de ses buts.

Pour donner un exemple très simple, c’est ainsi que le vent, qui d’abord l’écrasait sous la chute des arbres déracinés par sa force, ou qui renversait sa