Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/327

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doute plus ou moins développé, le sentiment ou la sensation de cette influence suprême et de cette dépendance absolue. Eh bien, cette sensation et ce sentiment constituent le |174 fond même de toute religion.

La religion, comme on voit, ainsi que toutes les autres choses humaines, a sa première source dans la vie animale. Il est impossible de dire qu’aucun animal, excepté l’homme, ait une religion déterminée, parce que la religion la plus grossière suppose encore un degré de réflexion auquel aucun animal, hormis l’homme, ne s’est encore élevé. Mais il est tout aussi impossible de nier que dans l’existence de tous les animaux, sans en excepter aucun, se trouvent tous les éléments, pour ainsi dire matériels ou instinctifs, constitutifs de la religion, moins sans doute son côté proprement idéal, celui même qui doit la détruire tôt ou tard, la pensée. En effet, quelle est l’essence réelle de toute religion ? C’est précisément ce sentiment d’absolue dépendance de l’individu passager vis-à-vis de l’éternelle et omnipotents nature.

Il nous est difficile d’observer ce sentiment et d’en analyser toutes les manifestations dans les animaux d’espèces inférieures ; pourtant nous pouvons dire que l’instinct de conservation qu’on retrouve jusque dans les organisations relativement les plus pauvres, sans doute à un moindre degré que dans les organisations supérieures, n’est rien qu’une sagesse coutumière qui se forme en chaque animal, sous l’influence