Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/341

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d’autre garantie pour l’existence même des objets sur lesquels elle raisonne que les assurances ou le mandat impératif de la théologie.

L’homme, ci-devant théologien et ci-devant métaphysicien, mais fatigué et de la théologie et de la métaphysique, à cause de la stérilité de leurs résultats en théorie et à cause aussi de leurs conséquences si funestes dans la pratique, apporte naturellement toutes ces idées dans la science ; mais il les apporte, non comme des principes certains et qui doivent, comme tels, lui servir de point de départ : il les apporte comme des questions que la science doit résoudre. Il n’est arrivé à la science que parce qu’il a commencé précisément à les mettre lui-même en question. Et il en doute, parce qu’une longue expérience de la théologie et de la métaphysique qui ont créé ces idées lui a démontré que ni l’une ni l’autre n’offrent aucune garantie sérieuse pour la réalité de leurs créations. Ce dont il doute et ce qu’il rejette avant tout, ce ne sont pas autant ces créations, ces idées, que les méthodes, les voies et moyens, par lesquels la théologie et la métaphysique les ont créées. Il repousse le système des révélations et la croyance en l’absurde parce que c’est l’absurde[1] des théologiens, et il ne veut plus rien se laisser imposer par le despotisme des prêtres et par les bûchers de l’Inquisition. Il repousse la métaphysique, |184 précisément et surtout parce qu’ayant

  1. Credo quia absurdum, Tertullien. (Note de Bakounine.)