Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/342

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accepté sans aucune critique ou avec une critique illusoire, par trop complaisante et facile, les créations, les idées fondamentales de la théologie : celles de l’Univers, de Dieu, et de l’âme ou d’un esprit séparé de la matière, elle a bâti sur ces données ses systèmes, et que, prenant l’absurde pour point de départ, elle a nécessairement et toujours abouti à l’absurde. Donc ce que l’homme, au sortir de la théologie et de la métaphysique, cherche avant tout, c’est une méthode vraiment scientifique, une méthode qui lui donne avant tout une complète certitude de la réalité des choses sur lesquelles il raisonne.

Mais, pour l’homme, il n’est point d’autre moyen de s’assurer de la réalité certaine d’une chose, d’un phénomène ou d’un fait, que de les avoir réellement rencontrés, constatés, reconnus dans leur intégrité propre, sans aucun mélange de fantaisies, de suppositions et d’adjonctions de l’esprit humain. L’expérience devient donc la base de la science. Il ne s’agit pas ici de l’expérience d’un seul homme. Aucun homme, quelque intelligent, quelque curieux, quelque heureusement doué qu’il soit, sous tous les rapports, ne peut avoir tout vu, tout rencontré, tout expérimenté de sa propre personne. Si la science de chacun devait se limiter à ses propres expériences personnelles, il y aurait autant de sciences qu’il y a d’hommes, et chaque science mourrait avec chaque homme. Il n’y aurait pas de science.

La science a donc pour base l’expérience collective non seulement de tous les hommes contempo-