Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/345

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ses sens, dirigés par son intelligence. Je n’accepte, pour mon compte, rien que je n’aie matériellement rencontré, vu, |186 entendu, et au besoin palpé de mes doigts. C’est pour moi personnellement le seul moyen de m’assurer de la réalité d’une chose. Et je n’ai confiance que dans le témoignage de ceux qui procèdent absolument de la même manière.

De tout cela il résulte que la science, tout d’abord, est fondée sur la coordination d’une masse d’expériences personnelles contemporaines et passées, soumises constamment à une sévère critique mutuelle. On ne peut s’imaginer de base plus démocratique que celle-là. C’est la base constitutive et première, et toute connaissance humaine qui en dernière instance ne repose point sur elle doit être exclue comme dénuée de toute certitude et de toute valeur scientifique. La science ne peut pourtant pas s’arrêter à cette base, qui ne lui donne d’abord rien qu’une quantité innombrable de faits des natures les plus différentes et duement constatés par d’innombrables quantités d’observations ou d’expériences personnelles. La science propre ne commence qu’avec la compréhension des choses, des phénomènes et des faits. Comprendre une chose, dont la réalité tout d’abord a été duement constatée, ce que les théologiens et les métaphysiciens oublient toujours de faire, c’est découvrir, reconnaître et constater, de cette manière empirique dont on s’est servi pour s’assurer d’abord de son existence réelle, toutes ses propriétés, c’est-à-dire tous ses