Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/353

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phique, comme on sait, par l’élaboration d’un système de politique « positive » très mystique. Je sais fort bien que quelques-uns de ses disciples attribuent cette dernière création de cet esprit éminent, qu’on peut considérer, après ou plutôt avec Hegel, comme le plus grand philosophe de notre siècle, à une aberration fâcheuse causée par de grands malheurs et surtout par la sourde et implacable persécution des savants patentés et académiciens, ennemis naturels de toute nouvelle initiative et de toute grande découverte scientifique[1]. Mais en laissant de côté ces causes accidentelles, auxquelles, hélas ! les plus grands génies ne sont pas soustraits, on peut prouver que le système de Philosophie positive d’Auguste Comte ouvre la porte au mysticisme.

|192 La Philosophie positive ne s’est jamais encore franchement posée comme athée. Je sais fort bien que l’athéisme est dans tout son système ; que ce système, celui de la science réelle, reposant essentiellement sur l’immanence des lois naturelles, exclut la possibilité de l’existence de Dieu, comme l’existence de Dieu exclurait la possibilité de cette science. Mais aucun des représentants reconnus de la Philosophie positive, à commencer par son fondateur Auguste Comte, n’a jamais voulu le dire ouvertement. Le savent-ils eux-mêmes, ou bien seraient-ils encore

  1. On dirait que les savants ont voulu lui démontrer a posteriori combien peu les représentants de la science sont capables de gouverner le monde, et que la science seule, non les savants, ses prêtres, est appelée à le diriger. (Note de Bakounine.)