Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/356

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment flattés de se voir ainsi compromis par leurs confrères les positivistes anglais. Aussi ne manquent-ils pas de protester de temps à autre, et d’une manière assez énergique, contre l’alliance que ces derniers leur proposent de conclure, au nom de la science positive, avec d’innocentes aspirations religieuses, non dogmatiques, mais indéterminées et très vagues, comme le sont ordinairement aujourd’hui toutes les aspirations théoriques des classes privilégiées, fatiguées et usées par la trop longue jouissance de leurs privilèges. Les positivistes français protestent énergiquement contre toute transaction avec l’esprit théologique, transaction qu’ils repoussent comme un déshonneur. Mais s’ils considèrent comme une insulte le soupçon qu’ils puissent transiger avec lui, pourquoi continuent-ils de provoquer ce soupçon par leurs réticences ? Il leur serait très facile d’en finir avec toutes les équivoques en se proclamant ouvertement ce qu’ils sont en réalité, des matérialistes, des athées. Jusqu’à présent, ils ont dédaigné de le faire, et, comme s’ils craignaient de dessiner, d’une manière trop précise et trop nette, leur position |194 véritable, ils ont toujours préféré expliquer leur pensée par des circonlocutions beaucoup plus scientifiques peut-être, mais aussi beaucoup moins claires, que ces simples paroles. Eh bien, c’est cette clarté même qui les effraie et dont ils ne veulent à aucun prix. Et cela pour une double raison :

Certes personne ne suspectera ni le courage mo-