Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/386

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duire aux connaissances les plus satisfaisantes. Au contraire, la pensée de ce que nous appelons l’univers est par elle-même nécessairement indéfinie, en sorte que, si étendues qu’on veuille supposer dans l’avenir nos connaissances réelles dans ce genre, nous ne saurions jamais nous élever à la véritable |215 conception de l’ensemble des astres[1]. La différence est extrêmement frappante aujourd’hui, puisque, à côté de la haute perfection acquise dans les deux derniers siècles par l’astronomie solaire, nous ne possédons pas même encore, en astronomie sidérale, le premier et le plus simple élément de toute recherche positive, la détermination des intervalles stellaires. Sans doute, nous avons tout lieu de présumer que ces distances ne tarderont pas à être évaluées, du moins entre certaines limites, à l’égard de plusieurs étoiles, et que, par suite, nous connaîtrons, pour ces mêmes astres, divers autres éléments importants, que la théorie est toute prête à déduire de cette première donnée fondamentale, tels que leurs masses, etc. Mais l’importante distinction établie ci-dessus n’en sera nullement affectée. Quand même nous parviendrions un jour à étudier complè-

  1. Voilà une limitation contre laquelle il est impossible de protester, car elle n’est point arbitraire, absolue, et n’implique pas, pour l’esprit, la défense de pénétrer dans ces régions immenses et inconnues. Elle dérive de la nature illimitée de l’objet lui-même, et contient ce simple avertissement que, si loin que l’esprit puisse pénétrer, il ne pourra jamais épuiser cet objet, ni arriver au terme ou à la fiin de l’immensité, par cette simple raison que ce terme ou cette fin n’existent pas. (Note de Bakounine.)