Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tement les mouvements relatifs de quelques étoiles multiples, cette notion, qui serait d’ailleurs très précieuse, surtout si elle pouvait concerner le groupe dont notre soleil fait probablement partie, ne nous laisserait évidemment guère moins éloignés d’une véritable connaissance de l’univers, qui doit inévitablement nous échapper toujours.

« Il existe dans toutes les classes de nos recherches, et sous tous les grands rapports, une harmonie constante et nécessaire entre l’étendue de nos vrais besoins intellectuels et la portée effective, actuelle ou future, de nos connaissances réelles[1]. Cette harmonie, que j’aurai soin de signaler dans tous les phénomènes, n’est point, |216 comme les philosophes vulgaires sont tentés de le croire, le résultat et l’indice d’une cause finale[2]. Elle dérive simplement de cette nécessité évidente : nous avons seulement besoin de connaître ce qui peut agir sur nous d’une manière plus ou moins directe[3] ; et, d’un autre

  1. Mais comme l’étendue des besoins intellectuels de l’homme, considéré non comme individu isolé, ni même comme génération présente, mais comme humanité passée, présente et future, est sans limites, la portée effective des connaissances humaines, dans un avenir indéfini, l’est aussi. (Note de Bakounine.)
  2. Voilà un de ces soufflets au Bon Dieu dont le livre d’Auguste Comte est plein. (Note de Bakounine.)
  3. Ce qui revient à dire que nous avons besoin de savoir tout. Le nombre des choses qui agissent sur moi immédiatement est toujours fort petit. Mais ces choses, qui sont par rapport à moi des causes immédiatement agissantes, n’existent et par conséquent aussi n’agissent sur moi que parce qu’elles se trouvent elles-mêmes soumises à l’action immédiate d’autres choses qui agissent directement sur elles, et, indirectement, par elles sur moi. J’ai besoin de connaître les choses qui exercent sur moi une action immédiate ; mais pour les comprendre, j’ai besoin de connaître celles qui agissent sur elles, et ainsi de suite à l’infini. D’où il résulte que je dois savoir tout. (Note de Bakounine.)