Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/405

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mensité réelle des plus grands surpasse tout ce que nous pouvons imaginer en fait d’étendue et de grandeur, tous sont néanmoins des êtres déterminés, relatifs, finis, et, comme tels, aucuns ne peuvent porter exclusivement en eux-mêmes la cause et la base de leur existence propre, chacun n’existe et ne peut exister que par ses rapports incessants ou par son action et sa réaction mutuelles, soit immédiates ou directes, soit indirectes, avec tous les autres. Cet enchaînement infini d’actions et de réactions perpétuelles constitue la réelle unité de l’Univers infini. Mais |229 cette unité universelle n’existe dans sa plénitude infinie, comme unité concrète et réelle, comprenant effectivement toute cette quantité illimitée de mondes avec l’inépuisable richesse de leurs développements, elle n’existe, dis-je, et n’est manifeste comme telle, pour personne. Elle ne peut exister pour l’Univers, qui, n’étant rien lui-même qu’une unité collective, éternellement résultante de l’action mutuelle des mondes épars dans l’immensité sans bornes de l’espace, ne possède aucun organe pour la concevoir ; et elle ne peut exister pour personne en dehors de l’Univers, parce qu’en dehors de l’Univers il n’y a rien. Elle n’existe, comme idée à la fois nécessaire et abstraite, que dans la conscience de l’homme.

Cette idée est le dernier degré du savoir positif, le point où la positivité et l’abstraction absolue se rencontrent. Encore un pas dans cette direction et vous tombez dans les fantasmagories métaphysiques