Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/410

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de toutes les actions quelle exerce à l’extérieur.

Toute chose n’est que ce qu’elle fait ; son faire, sa manifestation extérieure, son action incessante et multiple sur toutes les choses qui sont en dehors d’elle, est l’exposition complète de sa nature, de sa substance, ou de ce que les métaphysiciens, et M. Littré avec eux, appellent son être intime. Elle ne peut avoir rien dans ce qu’on nomme son intérieur qui ne soit manifesté dans son extérieur : en un mot, son action et son être sont un.

On pourra s’étonner de ce que je parle de l’action de toutes les choses, même en apparence les plus inertes, tant on est habitue à n’attacher le sens de ce mot qu’à des actes qui sont accompagnés d’une certaine agitation visible, de mouvements apparents, et surtout de la conscience, animale ou humaine, de celui qui agit. Mais, à proprement parler, il n’y a dans la nature pas un seul point qui soit jamais en repos, chacun se trouvant à chaque moment, dans l’infinitésimale partie de chaque seconde, agité par une action et une réaction incessantes. Ce que nous appelons l’immobilité, le repos, ne sont que des apparences grossières, des notions tout à fait relatives. Dans la nature, tout est mouvement et action : être ne signifie pas autre chose que faire. Tout ce que nous appelons propriétés des choses : propriétés mécaniques, physiques, chimiques, organiques, animales, humaines, ne sont rien que des différents modes d’action. Toute chose n’est |233 une chose déterminée ou réelle que par les propriétés qu’elle