Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/125

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dats, les sous-officiers, et les officiers surtout, un système complet d’espionnage et de délation mutuels, et n’avait-il pas fait de la trahison et de la servilité la plus lâche, la plus plate, des conditions d’avancement ? de sorte qu’on pouvait être certain, à très peu d’exceptions près, que les officiers dont la carrière, sous ce régime de favoritisme et de bassesse, était la plus rapide, la plus belle, étaient précisément ceux qui se distinguaient davantage par leur lâcheté et par leur incapacité.

Faut-il s’étonner, après cela, que ces officiers |21 et ces généraux aient fait battre partout l’armée française ? Faut-il s’étonner aujourd’hui, lorsque leur ignorance, leur lâcheté et leurs trahisons ont poussé la France dans l’abîme, qu’ils rêvent encore la restauration de l’infâme Bonaparte, et qu’ils continuent de se montrer, partout où il existe encore des troupes régulières, systématiquement hostiles à toutes les mesures qui peuvent et qui doivent sauver la France ?

Ce qui est bien plus étonnant, c’est que les membres du gouvernement provisoire, qui a accepté la redoutable mission de sauver la France, n’aient pas compris cela dès le premier jour de leur installation au pouvoir, et que dès le premier jour ils n’aient point destitué en masse les sous-officiers aussi bien que les officiers de tous les grades dans les troupes régulières et dans les gardes mobiles, et ne les aient pas fait remplacer jusqu’au grade de capitaine par l’élection libre et démocratique des