Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/131

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Avait-il quelque scrupule de reprendre à ces voleurs ce qu’ils avaient volé à la France ? ou bien voulait-il faire parade de générosité ? La générosité est sans doute une fort belle chose, lorsqu’on en fait pour son |26 propre compte et en sacrifiant sa propre personne ; mais nul n’a le droit d’en faire au détriment d’autrui, et encore moins au détriment du peuple qu’on a mission de sauver. M. Gambetta se serait-il laissé arrêter par les difficultés de l’exécution ? En effet, la plupart de ces messieurs et de ces dames ne tenaient probablement pas leur argent dans leurs poches ; ils l’avaient placé en plus grande partie chez des banquiers, soit étrangers, soit français, et alors comment le retirer de leurs mains ? Mais tout simplement en les retenant prisonniers aussi longtemps qu’ils se refuseraient à le rendre.

Mais comment évaluer ce qu’ils ont volé à la France ? La chose était bien aisée. Depuis Napoléon III et son épouse Eugénie jusqu’au dernier de leurs serviteurs, ils sont tous entrés gueux comme Job et criblés de dettes au pouvoir. Maintenant, en examinant leurs papiers, il n’était point difficile de déterminer approximativement ce qu’ils possèdent. N’est-ce pas ainsi que la loi en agit avec tous les banqueroutiers ? Et alors on aurait pu déclarer à chacun : « Vous resterez en prison et au pain et à l’eau, tant que vous n’aurez pas déboursé telle somme ». Ce serait cruel, dira-t-on. Ah ! ils ont été bien autrement cruels envers les déportés de