Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épreuve pour eux, républicains bourgeois, et qui, comme tels, ne conçoivent rien en dehors de l’État et ne voient de salut que dans l’exagération des ressources, de l’action et de l’omnipotence de l’État, de reconnaître qu’en ce moment, et en présence du plus horrible danger qui ait jamais menacé l’indépendance et l’existence même du pays, il ne reste en France de l’État qu’une fiction et qu’une ombre. Il aurait fallu une intelligence bien autrement sérieuse et un tempérament bien autrement déterminé et révolutionnaire que les leurs, pour avoir le courage de s’avouer, au milieu de circonstances si terribles, que la France n’ayant plus d’armée, plus de budget, plus d’administration régulière, dévouée et capable, mais ayant au contraire, à la place de cette administration, une vaste conspiration officiellement organisée à combattre, — privée en un mot de tous les instruments qui constituent la réelle puissance de l’État, — elle ne pouvait plus être sauvée que par l’action immédiate du peuple, en dehors de toute direction officielle, — c’est-à-dire par la révolution.

Si les avocats et les savants doctrinaires qui composent le gouvernement de la Défense nationale avaient moins de vanité présomptueuse et plus de dévouement à la cause du peuple ; s’ils avaient un peu plus d’intelligence et de résolution révolutionnaire, s’ils ne détestaient la révolution encore plus qu’ils |56 ne détestent l’invasion des Prussiens, s’ils eussent eu le courage de la vérité et vis-à-vis d’eux-mêmes et vis-à-vis du peuple, envisageant froide-