Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/167

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liquidé par l’action révolutionnaire du peuple qui en avait été la conséquence immédiate et inévitable ; en un mot que la France officielle ayant cessé d’exister, il ne restait plus que la France du peuple ; plus d’autres forces et de moyens de défense que l’énergie révolutionnaire du peuple ; plus d’autres juges que la justice du peuple ; plus d’autres finances que les contributions volontaires ou forcées des classes riches ; et plus d’autre constitution, d’autre loi, d’autre code, |58 que celui du salut de la France.

Reconnaître tout cela est sans doute chose bien dure pour des avocats, eux qui ne vivent que de l’État, de la science juridique et des codes criminel et civil, comme les prêtres ne vivent que de l’Église, de la science théologique et des deux Testaments révélés, nouveau et ancien. Aussi, en temps de paix, je ne leur aurais jamais proposé des mesures aussi énergiques ; des mesures si contraires à toutes leurs habitudes d’existence, de sentiment, de pensée, et, notez bien ceci, aux conditions mêmes de leur fortune privée, à leurs intérêts personnels, aussi bien qu’aux intérêts communs de leur classe, que, pour les leur faire accepter en temps ordinaire, il aurait fallu commencer par les détruire eux-mêmes.

Mais c’est que nous ne vivons pas en temps ordinaire. Nous vivons au milieu de la plus terrible commotion politique et sociale qui ait jamais secoué le monde ; commotion salutaire et qui deviendra le commencement d’une vie nouvelle pour la France, pour le monde, si la France triomphe. Commotion